Parcequ'il faut le faire, c'est le premier pas vers une nouvelle vie...
Publié le 17 Mars 2009.
"Beaucoup
d'énergie, de temps et un tout petit budget pour ce gros
sauvetage.
Ces chiens attendent depuis des mois la décision
d'un juge qui prend son temps. Il avait donné l'ordre de faire
euthanasier tous les chiens, mais comprenant qu'il était possible de
les sauver, il en a laissé la responsabilité au refuge de Scooby
Medina Del Campo.
Le feu vert est donc enfin donné par les
autorités afin de récupérer TOUS les chiens se trouvant chez cet
homme.
Le propriétaire des lieux, Antonio, nous ayant menacé
de tuer les chiens si on essayais de les prendre, il nous a fallut
organiser cette opération dans la plus grande discrétion. Mais la
machine était lancée, et les bénévoles ainsi que les adoptants de
Lévriers En Danger se mobilisent en organisant collectes de
croquettes, médicaments et encore beaucoup de matériel nécessaire
à la remise sur pied de tous ces chiens.
Nous voila donc
armés de nos combinaisons intégrales (contre la gale, les
tiques...), de lassos métalliques (pour attraper les chiens sans se
faire mordre), muselières, trousse de secours (pour chiens et
bénévoles), et des sarbacanes contre les chiens de garde affamés
bien déterminés à faire leur travail...
On s'attend au
pire, et tout au long du voyage, lorsqu'on parle de ce que l'on va
voir sur place, un silence s'installe. Nous savons que les chiens
manquent de nourriture, les plus forts mangent les autres. Ils ont la
gale, les femelles sont pleines, enfermées dans des caves sales,
sans lumière... On a peur de ce que l'on va voir. On sait qu'il
faudra plus d'un an a chacun de ces chiens pour être adoptable. Il
reste d'ailleurs au refuge plusieurs chiens du sauvetage (au même
endroit) précèdent, en 2007.
Certains d'entre eux finiront
leur vie au refuge parce que trop craintifs, traumatisés :
inadoptables.
Nous arrivons ce soir à "EL
CUERVO" (au sud de Séville) après 2 jours de route depuis
Lyon. On fait une halte au refuge pour y prendre le plus de cages
possible réparties entre les deux camions et y déposer tout le
matériel collecté. Il est difficile de dormir quand on sait ce
qu'on va voir demain, et la "bagarre" qui va y avoir lieu.
Demain matin, réunion avec la police, topo sur l'organisation à
l'hôtel où toute l'équipe est descendue.
Mardi,
jour J
-
Nous arrivons et " le monstre" pleure, il est ruiné
comme il dit. Mais ses larmes de crocodiles ne me touchent pas,
surtout quand on rentre pour la première fois dans cet enfer. Au
fond de la cour, des bâtiments insalubres renferment ces créatures
merveilleuses, dans un noir presque complet, il y a 6 ou 7 chiens par
box de 10 M². Pas d’eau, ni nourriture, pas de lumière si même
de la paille pour se coucher et ne pas trembler de froid ou de peur.
De grand yeux se tournent vers nous quand la porte s'ouvre, ils nous
voient à peine à cause de la lumière qui les ébloui.
Le
seul moyen de les attraper est le lasso métallique, afin de les
prendre sans trop s'approcher et d'éviter les morsures. Quand enfin
une laisse se glisse autour d'un cou pour les amener jusqu'au camion,
ils ne veulent pas nous suivre, terrorisés par ce qu'ils viennent de
vivre, ils redoutent sûrement le pire. Il faut les tirer et souvent
même les porter sans leur faire de mal.
Des milliers de
tiques grouillent partout, sur les chiens, au sol, et nous grimpent
dessus malgré les combinaisons. Les chiens en sont recouverts, la
vermine leur ronge la peau et les oreilles souffrant déjà de la
gale. Ils se cachent partout à notre arrivée, et il faut les
dénicher d'endroit très difficiles d'accès. Terrorisés, ils ne
savent plus ou se mettre. Après avoir attrapé une bonne quarantaine
de chiens, nous pensions avoir fini, puisque nous avions fouillé
tous les recoins, escaladés les murs... Mais quelqu'un se rend
compte qu'à 300 mètres de là se trouvent encore des chiens
enfermés.
Nous pensions en trouver 3 ou 4.... Mais l'horreur
nous saute au visage, entassés dans des poulaillers sans presque
aucune lumière ni ouverture, sans eau, pas moins de 40 ou 50 chiens
étaient encore prisonniers dans les pires conditions que j'ai vu de
ma vie. Il y avait là 10 à 20 cm de merde partout (pardonnez moi
l'expression) , mélangé à l'urine et la viande pourrie. Une odeur
inimaginable d'ammoniaque, de mort, et de peur se dégage de cet
enfer. Il est presque impossible d'y entrer sans avoir envie de
vomir, et on ne peut absolument pas y respirer. C'est suffoquant,
glissant par terre, tout y est ignoble, et les chiens qui se trouvent
là dégagent une odeur pestilentielle. Leur peau colle, ils n'ont
plus de poils, et sont recouverts de tiques, de gale et d'excréments,
parce qu'obligés de dormir dedans.
Mais cela ne les empêche
pas de nous appeler au secours. On entend "sortez nous de là,
au secours"!!!
Comment ??? Comment est il possible de
faire des choses pareilles quand on est soit disant civilisé???
Ca
y est, on les voit par une ouverture, et en avançant à peine la
tête pour les voir, l'odeur nous attaque comme de l'acide. Mais cela
ne nous empêchera pas d'entrer et de tous les sauver. En entrant, il
y a en fait plusieurs endroits ou sont séparés les chiens. Certains
sont même attachés avec de grosses chaînes !!! Il y en a partout
!!!
Quel miracle, ils viennent chercher des caresses, quel
bonheur de les voir avec encore cette flamme en eux !!!
En
sortant, on reprend un grand bol d'air, on passe un Galgo à un
bénévole qui va rejoindre le camion et ses copains déjà sauvés
et on retourne dans cet endroit inhumain pour attraper ceux qui
restent. Toutes les installations avec des grillages sont coupées,
puis emmenées, mais pourquoi le juge n'a pas ordonné la destruction
des bâtiments ??? Pourtant c'est bien là qu'ils étaient le plus
mal ces pauvres chiens !!!!! Nous voila donc repartis pour 700 km
pour rejoindre le refuge avec tous les chiens en cage et en sécurité
répartis dans 22 camions.
Tomaso, le vétérinaire de Scooby,
traite les chiens à la chaîne contre la gale. Pendant que d'autres
se reposent dans l'herbe fraîche en attendant le départ.
Il
nous a fallut 5 heures pour attraper tous les chiens. Cette odeur
d'ammoniaque, de pourriture et de merde ne nous quitte pas, elle
reste incrustée dans les cheveux, les vêtements, le nez, et mes
mains, malgré les nombreux lavages gardent cette odeur ignoble. Les
chiens n'ont presque plus de poils ils sentent la mort, la peur, le
pourri , leur peau colle, les oreilles sont pleines de tique au point
de se demander si ils peuvent encore entendre. Il a fallut sortir la
sarbacane anesthésiante, les lassos métalliques afin de ne pas se
faire mordre, le précieux produit contre la gale et toutes les
cages. Il a fallut courir, beaucoup courir parce que quasiment aucun
de ces animaux n'était approchable. Les chiens pris de panique se
coinçaient entre les grillages et les murs d'oû il fallait les
sortir avec la plus grande difficulté. Nous avons escaladé des murs
qui s'effondraient sur nous, et sur les chiens, tout était pourri et
un spectacle de désolation nous entourait.
Tout le monde
savait ce qu'il avait à faire et une parfaite organisation a permis
de tous les récupérer. Ils sont tous vivants sauf les deux petits
chiots podencos morts depuis longtemps, trouvés dans la paille, sous
une bâche, à coté de leur mère attachée à une grosse chaîne,
dans un état de panique incroyable. Elle pourra quand même élever
les deux qui restent.
Quand nous avons (nous pensions), fini
de récupérer tous les chiens, on nous signale un box, à 300 mètres
de là où il y en aurait d'autres.
Et là c'est l'enfer, la
désolation, la consternation totale.
Il y a au moins 25 ou 30
Galgos entassés dans une pièces qui fait à peine 20 Mètres
carrés. Ils sont dans le noir, il y fait chaud et l'odeur
d'ammoniaque nous saute au visage et nous brûle les yeux. Les 20 cm
d'excréments et d'urine dégagent de l'ammoniaque en quantité et il
est presque impossible de respirer, chacun de nous manque de vomir en
entrant. Je n'ose pas imaginer ce que doivent ressentir ces chiens
qui ont un odorat beaucoup plus développé que le notre... Quand le
dernier Galgo est dans le camion, on ne tarde pas à partir puisque
ce fou commence à négocier pour en reprendre certains. Nous revoilà
donc repartis pour 700 Km en direction du refuge ou un repas et un
endroit propre attend les chiens (et nous aussi).
Nous sommes
arrivés avec les deux camions au refuge vers 1 heure du matin, tous
très fatigués d'avoir autant luté. Il a fallut encore faire face à
la panique de certains, d'autres très heureux d'arriver , avaient
déjà compris qu'ils étaient sauvés.
Sachez que tous ces
chiens récupérés sont vivants, mais beaucoup sont morts dans cet
endroit ignoble de peur et de cauchemar avant que certaines personnes
ne sachent ce qu'il s'y passait. Peut être que cet homme (le père
du fou), complètement ivre, qui se tenait toujours à un mur, ou une
branche d'olivier a apprit ça de son père qui le tenait lui même
de générations précédentes.
Combien
de ces êtres si doux ont subi le pire?
Après avoir vu tout
ça, je comprends encore mieux mon petit Néo qui se prélasse toute
la journée dans son panier, et toujours heureux de voir l'heure du
repas arriver... Il est juste en train de vivre... Enfin !"
source: http://bulletinlevrier.blogspot.com/2009/03/levrier-galgo-la-realite-en-pleine-face.html